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Fumée clandestine, le retour !

Fumée clandestine, le retour !

Fumée clandestine, le retour !

 

 

 

Je demandais à Jean-Pierre de préfacer son livre, « vingt ans après ». « Soit j’en dis pas assez, soit j’en dit trop… » plaida-t-il. « Le mieux placé pour écrire un avant-propos (c'est vrai que ça rajouterait un petit plus !), c'est mon éditeur parce que ce fut le début d'une vraie aventure avec la journée internationale du cannabis en 1993, la publication d'autres livres subversifs sur les drogues, les rapports que les éditions du Lézard entretenaient avec le Circ, les menaces de la justice et la censure... »

 

Vingt ans après, on aurait envie de hurler. Mais ça ne se fait pas. Ceux qui crient ont toujours tort, dit-on. Vingt ans de combat contre une politique des drogues qui marche sur la tête – et pour un peu on aurait reculé. C’est pire encore aujourd’hui… Peines planchers, tests salivaires et la politique zéro tolérance, se sont abattus comme un nuage de crickets, le plafond de la raison humaine descendant chaque jour plus bas pour nous enfoncer dans la nuit sécuritaire.

 

Va-t-on enfin sortir de ce cauchemar ? Qui n’avance pas recule : c’est ce qu’on a pu vérifier. Lorsqu’il y a vingt ans, ce livre appelait à nouvelle approche du cannabis, qui impliquait une réforme urgente de la façon de prendre en compte les drogues… celle-ci était urgente. Vingt ans plus tard, les dégâts n’ont fait que s’amplifier. La prohibition avait déjà suscité d’innombrables monstres, mais des cités comme celles qu’on nous décrit à Sevran ou ailleurs n’étaient simplement pas concevables. Il y a vingt ans, les prisons débordaient déjà et l’énormité de la population carcérale imposait à elle seule la réforme – il fallait résorber cette catastrophe ; aujourd’hui, on a beau en construire, les prisons débordent toujours, et la population carcérale ne cesse d’augmenter.

 

*

 

Comme on en témoignait avec Jean-Pierre récemment – lors d’une émission de Télé pirate, diffusée en ce jour où on intronisait le nouveau gouvernement de gauche –, il y a vingt ans, ni lui ni moi n’avions réellement conscience de la réalité et de l’importance des usages thérapeutiques du cannabis. C’est lors de la Première journée internationale du cannabis, colloque organisé par les éditions du Lézard – avec le CIRC, le 18 juin 1993, dans la très agréable salle du Trianon, à Pigalle, souvenirs, souvenirs… –, que des intervenants avaient pu commencer à nous faire prendre conscience, entre autres, de la thématique du cannabis médicinal.

De même, ce 18 juin 1993, on lançait L’empereur est nu – le livre mythique de Jack Herer –, sans plus susciter de curiosité du public – dans un premier temps. Mais, par trente-six mille voies, l’information a fini par passer et les multiples usages industriels du chanvre, tels qu’ils étaient exposés ce jour-là, ne sont plus un secret pour grand monde. J’entends encore la voix de Jack répéter inlassablement comment les besoins essentiels de l’humanité, « food, fiber, fuel and medecine » – « nourriture, fibres, essence et médicaments » – pourraient être assurés par la plante qu’il avait en quelque sorte rebaptisée « cannabis/hemp ». « Cannabis/chanvre », voulait-il qu’on écrive partout, sur nos banderoles comme sur nos tracts. (On aura voulu rééditer L’empereur est nu en même temps qu’on republie Fumée clandestine, pour fêter dignement ces vingt ans de combat – en hommage à Jack Herer qui avait repris ce flambeau au fond d’une autre nuit, celle que Ronald Reagan avait installé aux Etats-Unis en instituant la « guerre aux drogues » sous une forme encore plus barbare que ce qu’on avait pu connaître jusque-là, et dont les deux Bush, père et fils, comme Chirac et Sarkozy ici, n’auront été que les continuateurs.)

 

Si on a pu entendre parler des usages industriels du chanvre, près de vingt ans plus tard, tout le monde aura eu vent également de ce qu’il existe de nombreuses vertus thérapeutiques pour cette plante, et il n’aura pu échapper à personne que ces vertus auront même été reconnues dans une tripotée d’Etats américains comme dans nombre de pays. Et même en France… mais sous un régime si restrictif que c’est une moquerie. Au résultat, il n’y a pas plus de 60 personnes bénéficiant d’« autorisations temporaires d’usage » qui ne permettent que de prescrire des cannabinoïdes sous une forme synthétique plutôt contrindiquée, en fait, pour un usage thérapeutique…

 

*

 

Je me souviens de ces jours héroïques où le CIRC lançait sa campagne pour « l’autoproduction » – et l’enthousiasme qu’il y avait alors. Ce vocable ésotérique cachait le véritable amour de la plante de tous ceux qui étaient prêts à faire l’effort d’en cultiver – dans leurs placards ! – pour échapper au haschisch standard dont la monarchie marocaine inonde les cités avec la complicité de la police française.

 

Les éditions du Lézard auront ainsi été incitées à traduire en français Closet cultivator, d’Ed Rosenthal – qui donnera Culture en placard, le premier manuel de culture de cannabis publié en France (hormis le Petit livre vert, diffusé underground par le collectif FTP avant de devenir un Esprit frappeur). Culture en placard est, à ce jour, le seul livre jamais condamné au nom de cet article du code pénal longtemps répertorié comme le L630 – aujourd’hui redénommé L3421-4… –, la fameuse loi de restriction de l’expression au sujet des stupéfiants qui suscite l’autocensure massive des éditeurs depuis son adoption en 1970.

 

Précisons quant au jugement de la 17ème chambre concernant Culture en placard, qu’il n’a aucunement condamné le livre a être retiré de la vente – celui-ci n’est donc pas interdit. Et l’amende de 3000 euros qui nous a alors été infligée était quasi symbolique alors qu’on avait pu faire valoir à l’audience qu’il s’en était déjà vendu plus de 35 000 exemplaires... Les attendus du jugement étaient aussi extrêmement modérés – reprenant en grande partie l’argumentaire de la défense ! –, concédant qu’on pouvait néanmoins considérer ce mode d’emploi pour faire pousser du cannabis à la maison comme une « provocation à l’usage », en prenant la loi au pied de la lettre.

 

*

 

Fumée clandestine était, en 1992, le premier livre des éditions du Lézard, publié à la va-vite pour la Noël. Mais celles-ci se lanceront un peu plus tard donc, le 18 juin 1993, avec en plus de L’empereur est nu, de Jack Herer, un livre de l’éminent penseur de la psychiatrie Thomas Szasz, Notre droit aux drogues, ainsi qu’un vrai classique, les Plantes des dieux, dont la paternité revient à l’éminent ethnobotaniste de Harvard, Richard Evan Schultes, et au découvreur du LSD, Albert Hofmann. Beaucoup d’autres suivront.

 

Les éditions du Lézard, qu’on inaugurait ainsi, s’inspiraient de ce qu’on pouvait trouver tant de livres passionnants sur les drogues dans d’autres pays – et en particulier aux Etats-Unis – qui manquaient cruellement dans les rayons des librairies françaises. On ne peut interdire de présenter les choses sous un jour véridique, avions-nous alors coutume d’expliquer. Quelles que soient ses prétentions, la loi ne peut interdire la connaissance… Nous serons d’une certaine façon entendus – « Savoir plus pour risquer moins », titrera même une brochure officielle pendant ce petit « printemps des drogues » qu’on aura vécu à la fin du millénaire.

 

 

*

 

C’est dans Canicule, un journal satyrique qui n’existe plus – victime d’une autre censure, lui, celle de l’infâme L227-24 –, que j’avais pu lire une interview d’un certain Jean-Pierre Galland dans laquelle celui-ci soulignait le problème du nombre de gens en prison pour des infractions à cette lamentable loi sur les stupéfiants. Je ne connaissais pas ce Galland, mais j’ai aussitôt cherché à le connaître : je cherchais justement à faire une maison d’éditions qui soulèverait ce type de questions dont personne ne parlait jamais.

 

Peu après, Jean-Pierre débarquait chez moi, avec l’ami K-shoo. Je crois bien que c’est là que j’ai entendu causer pour la première fois du CIRC, le Collectif d’information et de recherche cannabique, qu’ils animaient. Surtout, j’apprenais alors que Jean-Pierre était l’auteur d’un gros et beau bouquin, Fumée clandestine, dont l’éditeur, Ramsay, était en faillite. En plus, ça se vendait vachement bien (éventualité que j’étais loin d’avoir envisagée)… Même au prix considérable de 250 francs, près d’une quinzaine de milliers d’exemplaires s’étaient écoulés – sans parvenir à empêcher la faillite de Ramsay. Il y avait ainsi, sous l’étouffoir de la prohibition, une énorme demande d’en savoir plus. On ne pouvait que convenir que c’était au mieux : je cherchais à lancer une maison d’éditions sur les drogues, et lui, l’auteur du seul livre du rayon qui soit à l’image de mon intention, il cherchait un éditeur.

 

C’est comme ça que sont nées les éditions du Lézard.

 

Fumée clandestine –réédité au prix « politique », un brin plus accessible, de 195 francs –, se vendra comme des petits pains pendant des années. Toute une génération aura l’occasion d’en voir en piles dans les grandes librairies, entraînant à sa suite Fumée clandestine 2, et Cannabis, nouvelles du front, mais aussi une tripotée d’autres beaux et bons livres, au premier rang desquels trônent Les Très riches heures du cannabis, de Phix, paru en 1995, dont la diffusion rivalisera avec celle de Fumée clandestine.

 

Pendant environ dix ans – ce n’est pas vieux : de 1993 à 2003 –, on aura vu se constituer une sorte d’encyclopédie des drogues – la collection des livres du Lézard, où l’on distingue, entre autres, Les champignons hallucinants, du fameux anthropologue mexicain Fernando Benitez – auteur du monumental Los indios de Mexico –, ou bien la Légende de la coca, de mon ami Jorge Hurtado, psychiatre bolivien, fondateur du Musée de la coca, à La Paz, dont le travail aura révolutionné son pays – et même au sens propre, depuis que les mouvements de cocaleros sont parvenus à porter au pouvoir Evo Morales. Du chocolat à la morphine, d’Andrew Weil ; E comme ecstasy, de Nicholas Saunders, aujourd’hui lui aussi disparu, et pendant longtemps gourou de la scène techno anglaise ; Trips, de Cherryl Pellerin, illustré par Crumb et quelques autres ; Psychoactif, de Vila et Chapiron – l’ami Kiki auquel on doit ce festival d’images psychédéliques… Et j’en oublie…

 

Faut-il recommander ici LSD et CIA, sous-titré « quand l’Amérique était sous acide », de Martin Lee et Bruce Shlain – son titre d’origine, Acid dreams, était moins explicite, son sous-titre par contre : The Complete Social History of LSD: The CIA, the Sixties, and Beyond, « l’histoire sociale complète du LSD : la CIA, les années soixante et au-delà », disait beaucoup. C’est la lecture de ce bouquin qui  m’aura donné l’idée et le désir des éditions du Lézard. Je comprenais là que les drogues ne sont pas intéressantes simplement du point de vue des expériences personnelles qu’elles peuvent occasionner, mais qu’elles ont une histoire politique et culturelle, et que celle-ci est loin d’être insignifiante. Avec l’hallucinant programme MK-Ultra mis à jour dans ce livre, on découvre en particulier comment la prohibition est ce système étrange où la population peut se retrouver pieds et poings liés aux expériences de contrôle des esprits dont la police politique moderne raffole.

 

Une histoire, on en a vu l’amorce avec L’histoire élémentaire des drogues, d’Antonio Escohotado. Son Histoire générale des drogues, dont on n’aura publié en français, pour l’instant, que le 1er tome, est simplement magistrale, en plus d’être bêtement passionnante. Magnifique, l’édition illustrée de L’aventure hippie, de Jean-Pierre Bouyxou et Pierre Delannoy, rend compte de cette révolution des années soixante portée par la découverte que les hallucinogènes n’étaient pas seulement réservés aux prêtres ou aux artistes…

 

Les éditions du Lézard n’auront pas été peu fières de publier aussi Chaos et cyberculture, un des derniers livres de Timothy Leary, l’homme qui avait fait tourner l’acide à une échelle qu’on pourrait qualifier de… cosmique, parvenant à mettre l’Amérique sens dessus dessous… Depuis longtemps introuvable, ce petit classique de la modernité sera bientôt à nouveau disponible.

 

Parlant de « classiques », nous aurons l’honneur de publier Moksha, l’anthologie des œuvres d’Aldous Huxley sur l’expérience psychédélique, rassemblées par Michael Horowitz et Cynthia Palmer. Au-delà des Portes de la perception...

 

Parmi les joyaux de ce catalogue, il y a aussi les mémoires d’Albert Hofmann, LSD, mon enfant terrible… Hofmann y évoque, entre autres, ses débats avec Leary, qu’il rencontrait en Suisse, en exil, au début des années 70, alors que celui-ci était recherché par la police américaine après s’être évadé avec l’aide des Weather underground, ce groupe gauchiste, « terroriste » avant la lettre…

 

Le chercheur des laboratoires Sandoz reprochait à l’apôtre des hippies d’avoir tant fait de prosélytisme pour cette drogue miraculeuse dont il estimait qu’elle devait être réservée à une élite. Pour le cinquantenaire de sa découverte, Hofmann était moins ambivalent. Somme toute, les principaux problèmes rencontrés par le LSD25 n’étaient-ils pas dus surtout à sa prohibition ?

 

« Nous pouvons tous témoigner avec gratitude de l’aide appréciable que nous apporte cet enfant de l’ergot de seigle... » Il concluait que ces témoignages devraient suffire pour convaincre les autorités en charge de la santé publique de « l’absurdité de la prohibition du LSD et de semblables psychédéliques ».

 

*

 

Les livres pouvaient rencontrer des succès divers, mais bon mois mauvais mois, les éditions du Lézard connaîtront un joli succès, plutôt stable au long de cette décennie, et ce jusqu’à cette triste année 2004 où la brigade des stupéfiants de monsieur Sarkozy, alors ministre de l’intérieur, s’est abattue sur les librairies de France et de Navarre, pour leur recommander… d’éviter d’avoir nos livres, s’ils ne voulaient pas d’ennuis. On trouvera ci-dessous le fac-similé de la seule trace documentaire de ce crime administratif, crime contre la pensée, contre la liberté d’expression – contre le droit de vivre pourrait-on dire pour notre groupe humain quasi pulvérisé au terme de cette offensive sans nom –, une opération inavouable, évidemment illégale, scandaleuse, mais non moins efficace.

 

Ainsi, après cette redoutable tournée de la Brigade des stups auprès des libraires, les commandes nous parvenant ont soudainement baissé. D’un mois sur l’autre, nous aurons cessé d’expédier des cartons de livres, pour n’envoyer plus que des enveloppes, correspondant aux commandes « à l’unité ». Ah, ces « commandes à l’unité », il faut les avoir vues pour le croire. Un même magasin pouvait alors nous envoyer plusieurs de ces « commandes à l’unité » par jour… Aussitôt, le chiffre d’affaires s’est divisé par quatre, puis par cinq le mois suivant. Les flics de Sarko avaient pris soin d’expliquer aux libraires qu’ils n’avaient « plus le droit » d’avoir ces livres autrement que « sur la tranche » – en rayon, à l’unité donc. Sinon, ils pourraient être considérés comme faisant de « l’incitation à la consommation », non de livres, mais de stupéfiants !

 

Ce sophisme au nom duquel il est soudainement devenu interdit de diffuser et donc d’éditer et de penser librement – sans que personne ne s’en émeuve – espérons qu’il tombe en poussière en même temps que l’alternance pourrait rétablir quelque chose qui ressemble un peu plus à un état de Droit. Va-t-on enfin sortir de la nuit ?

 

*

 

Jean-Pierre se souvenait, l’autre jour, de ce vieux député du XVème arrondissement, possiblement défunt aujourd’hui, qui s’était indigné, en 1997, dans un article du France Soir, de la magnifique présentation des livres sur les drogues qu’on ne pouvait manquer, occupant un mur entier du rayon « sciences humaines » à la Fnac du Forum des Halles. Le lendemain, le patron du magasin se faisait embarquer à la brigade des stupéfiants, quai des Orfèvres, tel un dealer… La mésaventure s’est reproduite de nombreuses fois, comme pour le responsable du magasin Virgin de Toulon qui aura même droit à quelques heures de « garde à vue », privé de ses lunettes, de sa cravate et de ses lacets...

 

Commentant l’incident dans un éditorial de Fnac-contact – le magazine destiné à ses adhérents –, la Fnac proclamait que, fidèle à sa vocation, elle défendrait la liberté d’expression et ne se soumettrait jamais à d’aussi grossières tentatives d’intimidation... N’empêche que la magnifique présentation du rayon drogues disparut aussitôt, et que les livres se sont retrouvés, toujours en piles, mais par terre, cachés derrière une gondole. Ça faisait peine à voir, mais la vraie catastrophe surviendra plus tard, en 2004, lorsque même ces piles disparaîtront, au bénéfice de la présentation « sur la tranche » d’un petit rayon, généralement en hauteur ou au ras du sol – le plus discret possible.

 

Entretemps, il y avait eu une tentative de procédure dans le Nord, devant le tribunal de Béthune, où une juge d’instruction poursuivra longtemps Les très riches heures du cannabis. Au nom de l’instruction qu’elle avait ouverte, cette dame s’était rendue dans toutes les librairies de la région pour y saisir… tous les livres des éditions du Lézard, et ceci au prétexte qu’un exemplaire du livre de Phix avait été trouvé chez quelqu’un qui faisait pousser de l’herbe dans un placard… La chambre d’accusation cassera cette procédure pour ses nombreuses irrégularités, mais elle sera néanmoins ré-ouverte, jusqu’au jour où, pour protester contre cette atteinte manifeste à la liberté d’expression, nous avons arboré au Salon du livre un panneau de 4 mètres par 3 dénonçant le scandale et appelant à signer pétition. L’ordonnance de non-lieu tomba sans attendre…

 

Souvenirs, souvenirs…

 

Luc, poursuivi, dans l’Est, pour la table de bouquins qu’il tenait toujours avec son stand de tee-shirts, au Technival comme au marché du dimanche. Il risquait pas mal, en raison de sursis que la justice prétendait faire tomber. Un avocat réussira à faire valoir la responsabilité de l’éditeur – la loi ne prévoyant d’incriminer le libraire ou l’imprimeur que dans le cas où l’éditeur et l’auteur seraient introuvables. Un livre qui n’est pas interdit est autorisé… Etc… Si Luc a pu être sauvé cette fois-là, d’autres ont morflé. Et, comme Jean-Pierre pouvait le souligner l’autre jour, ce sont surtout les quelques boutiques tenues par des militants qui ont eu des ennuis, alors que prolifèrent sans soucis les centaines de grow-shops qui s’interdisent de présenter des livres et ne parlent jamais de cannabis…

 

En tant que président du CIRC, Jean-Pierre écopera d’une dizaine de condamnations, pour des tracts ou je ne sais plus quoi… Mais lui se souvient : « J'ai été condamné au nom de tous les distinguos de l'article L. 34 21-4… Pour des tracts, pour le clown du Circ, la compil "Petites musiques de chanvre"... Aussi pour manifestation interdite, ou encore pour détournement de logo (la Vache qui rit), mais jamais pour usage alors qu'ils ont toujours trouvé de "la drogue" quand ils sont venus chez moi... » Seront y compris persécutées des graines de chènevis présentées sur des stands politiques, lors des journées d’été des Verts, dont le secrétaire national, Jean-Luc Benhamias, sera aussi condamné – tant qu’à faire…

 

C’est ainsi qu’on a pu des dire des lois sur les drogues qu’elles se voudraient « auto-immunes », prétendant interdire y compris qu’on les critique, sur le modèle de ce que pouvaient être les lois religieuses condamnant sévèrement toute pensée contraire, qualifiée de « blasphème ».  Des lois dont la dénonciation politique tomberait sous le coup de la loi… Et ces années-là, c’est en effet surtout l’action politique qui sera persécutée devant les tribunaux.  Ainsi, le chef du parti politique le plus nettement engagé contre ces mauvaises lois, aura-t-il eu personnellement à connaître les foudres de la justice…

 

De même, ce qui n’était pas pardonné à Jean-Pierre, ce n’était pas son activité littéraire, mais d’animer un groupe politique, le CIRC, qui tentait de réveiller la conscience de l’opinion publique sur les très sérieux problèmes que pose la législation absurde qu’on nous inflige. L’indécence d’une telle disposition est telle que son abrogation s’impose.

 

*

 

On peut aussi se souvenir de ce jour où la police a débarqué à la permanence du CIRC, saisissant le tirage entier du magazine Double-zéro et des tee-shirts, ainsi que la comptabilité – cherchant vainement à prouver qu’on serait financé par « l’argent de la drogue » –, et embarquant Jean-Pierre pour une garde à vue de 48 heures. On était aux débuts – l’intimidation était ce jour-là au maximum. Le deuxième jour, j’étais convoqué à mon  tour. Je m’apprêtais à prendre rendez-vous, étant à mon travail à l’heure où m’appelait la police – mais non, ils ne relâcheraient pas Jean-Pierre tant que je ne viendrais pas…

 

Au Quai des Orfèvres, je peux témoigner aussi de la violence de « l’interrogatoire » – « On va vous assassiner ! » hurlait l’inspecteur en tapant sur la table. Mais combien de fois aurais-je été convoqué là, menacé de poursuites qui ne venaient jamais ? Me revient ce jour où j’objectais que c’était un comble de nous emmerder au nom de la lutte anti-drogues alors que le trafic de drogues est surtout l’affaire de la police, ce dont le ministre de l’intérieur, Charles Pasqua à l’époque, ne pouvait que savoir quelque chose depuis les temps lointains de la french connection, dans les années 70, dont il était un maillon essentiel. Le fonctionnaire, recevant cette dénonciation formelle de son ministre, appelle son supérieur pour vérifier s’il peut enregistrer une déposition pareille. L’instruction tombe que non... J’accepterai lâchement d’édulcorer ma déposition pour ne pas mettre le malheureux inspecteur dans l’embarras.

 

Ce n’est pas qu’une fois que j’aurais eu l’occasion de débattre ainsi, avec l’ensemble de la brigade de la  « communication », argumentant pied à pied, et terminant invariablement par leur faire la leçon – à ceux-là même qui se chargent de « communiquer » la bonne parole policière dans les collèges et les lycées –, vérifiant toujours leur relative méconnaissance du sujet, en dépit des multiples stages et autres colloques qu’ils se farcissent studieusement.

 

Ni de la réalité du trafic mondial des drogues tel que peut le décrire en détail La politique de l’héroïne, d’Alfred McCoy – qui dénonce l’implication dans le trafic des services américains et français, des années cinquante à nos jours ; ni les politiques de prévention efficace comme celles exposées dans Drogues légales : l’expérience de Liverpool, d’Anthony Henman ; ni les vertus du chanvre présentées par Jack Herer ; ni celles du cannabis thérapeutique démontrées par Grinspoon – les malheureux ne connaissaient que le « syndrome amotivationnel » inventé par le professeur Nahas quand sa « théorie de l’escalade » aura été trop ridiculisée… Ce qui leur laissait peu d’arguments.

 

Pour ce travail de police politique, la brigade qui nous était tout d’abord affectée – contre le CIRC et les éditions du Lézard –, avait été choisie pour sa détermination : c’était celle qu’on appelait aussi « la brigade des overdoses », ordinairement occupée à mener les enquêtes à chaque fois qu’on trouvait un cadavre… Il fallait expliquer patiemment, à ces fonctionnaires forcément traumatisés, qu’une autre politique ferait disparaître de telles horreurs – et qu’on n’enregistrait plus d’overdoses à Liverpool, sous un régime de distribution contrôlée d’héroïne. Forcément, ça les troublait.

 

Pendant des années, je me serais bercé à l’idée que cet exercice de polémique pédagogique semblait suffire à contenir la pression. Le fait qu’on ait manifestement raison nous protégeait relativement. Bien souvent les journalistes, parfois même des juges, nous accordaient le bénéfice de l’évidence, et le cœur du public nous était a priori acquis – ainsi que le montrait l’importance de la diffusion du catalogue du Lézard, phénomène de société qui s’était imposé quasiment seul, car très peu relayé dans la presse (à l’exception notable de deux passages à la télé, Jean-Pierre ayant été invité deux fois par Philippe Gildas – pour Nulle part ailleurs, l’émission phare de Canal plus).

 

La situation était contrastée, mais on enregistrait bien des signes positifs, telle la mise en place d’une politique de réduction des risques – incomplète, puisqu’elle n’incluait pas la distribution contrôlée d’héroïne, mais révolutionnaire au sortir d’une noire époque de « maximalisation des risques » où l’on avait même pu interdire les seringues, boostant inconsidérément la diffusion du sida. Les programmes de méthadone, conquis eux aussi dans l’élan du 18 juin 1993, pacifieront bien des choses.

 

*

 

 

Ah, ce 18 « joint » 1993… Cela restera probablement comme le plus beau jour de ma vie, pour autant qu’il ne soit pas devant moi…

 

On avait fait venir des militants et des experts, des intellectuels et des politiques, du monde entier… Quelle belle chose qu’on avait rassemblée là… « La plus belle internationale » disais-je, pas peu fier.

 

Pas la peine d’essayer d’énumérer ses participants, on ne fera qu’en oublier… Et pour ceux qui voudraient en savoir plus, je crois bien que les actes de ce colloque sont encore disponibles au catalogue… Des italiens, des espagnols, des allemands, des suisses, des belges, des hollandais bien sûr, des anglais, des américains, de l’est et de l’ouest – et je ne sais qui encore… Ah, oui, des français… Des médecins, des professeurs, des savants, des cultivateurs, écrivains, politiciens, des avocats, un ancien procureur, et même un flic – hollandais –, sans compter les « renseignements généraux » présents dans la salle.

 

On doit une fière chandelle à ces derniers lorsque le patron de la salle, apercevant les étalages de T-shirts arborant des feuilles de cannabis, se mit à paniquer. Si ma mémoire est bonne, c’était parce que la police du quartier l’avait menacé – et il voulait qu’on remballe au moins nos T-shirts ipso facto – ce qui était a priori hors de question. Ce sont les RG qui interviendront alors pour calmer le monsieur – et permettre que notre journée se déroule paisiblement.

 

Quelle belle salle, ce Trianon… On avait évalué alors à 5000 le nombre de participants qui seraient passés dans la journée. On ne sait comment ils se seront donné le mot, tant notre propagande aura été peu efficace, en dépit de la jolie affiche avec la colombe de la paix du cannabis dessinée par Shelton.

 

Autant l’annonce aura été discrète, malgré nos efforts considérables pour alerter l’ensemble de la presse, autant les répercutions seront faibles. Deux articles en tout et pour tout, rendront compte on ne peut plus mal de l’événement. J’ai toujours soupçonné que le rapport des RG devait être moins mauvais… Car, quelques jours après, c’est le ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua en personne, qui prenait l’initiative de s’exprimer sur la question des drogues, appelant à l’ouverture d’un débat sur ce problème de société non négligeable si l’on considérait, par exemple, l’incompréhension entre les générations que cela pouvait générer…

 

Une déclaration tonitruante à sa façon qui ne sera pas sans lendemain, puisqu’on assistera quelques temps plus tard à l’intronisation de la « commission Henrion », dont les conclusions réformistes sonneront l’ouverture de ce que j’ai appelé ici « le printemps des drogues » – une petite dizaine d’années au tournant du millénaire.

 

*

 

En 2002, on se souvient du tour de passe passe qui conduisit le candidat d’extrême-droite au deuxième tour de l’élection présidentielle avant de porter la droite la plus radicale au pouvoir, avec l’horrible Sarkozy. Si le 11 septembre 2001 avait constitué un tremblement de terre planétaire, le 21 avril 2002 sera une catastrophe de même acabit, l’une se rajoutant à l’autre pour permettre l’apparition de l’abjecte droite « sans complexes » qu’on a fini par remercier après dix ans de nuit noire…

 

Souvenirs, souvenirs…

 

Cette année-là, entre deux tours, j’avais finalement rendez-vous – trop tard ! – à Matignon, au cabinet de Lionel Jospin, après avoir débattu pendant des mois avec tous les niveaux de l’administration de la « Commission paritaire des publications et des agences de presse » (CPPAP) – la véritable commission de censure de la presse, bien trop méconnue –, pour discuter d’un projet de périodique d’information consacré aux drogues qu’on avait baptisé Haschisch Magazine.

 

Je faisais valoir, aux divers responsables de la commission paritaire rencontrés alors, ce que je plaiderai éventuellement demain : quelles que soient ses absurdes prétentions, la loi ne peut interdire d’informer. Le législateur lui-même a besoin de savoir ce qu’il en est, tout comme l’électeur. L’ignorance des résultats de la recherche médicale comme de l’actualité sur la géopolitique des drogues, son économie ou sa sociologie, ne peuvent certes pas fonder une bonne politique.

 

Or, un tel journal, sur la thématique des drogues, est simplement impensable en France. Comme on sait, il en existe pléthore en Espagne, aux Etats-Unis, au Canada et ailleurs. Si une telle presse est impossibles ici, c’est en raison d’un « élément de doctrine » de cette « commission paritaire » qui dépend du premier ministre. Il stipule que les publications consacrées aux drogues ne pourraient bénéficier ni du taux de TVA de la presse, ni des tarifs postaux préférentiels pour les abonnements. Conséquence ? Les publications qui n’ont pas l’aval de la CPPAP se voient imposées par le fisc ce que celui-ci appelle le taux « normal », qui revient en fait à… 40% des rentrées de l’éditeur ! Ces détaxes, accordées après avis de ladite « commission », sont simplement indispensables pour être distribué de façon viable dans ce pays qui est affligé d’un des plus bas niveau de liberté d’expression au monde – et certainement le plus bas parmi les pays dits démocratiques.

 

(Etudiant un jour comment faire l’édition française de l’excellent Cañamo espagnol, on en faisait les comptes, au téléphone, avec son rédacteur en chef, feu Gaspar Fraga. Et non, il n’y avait aucune chance d’équilibrer une telle édition française, sous le régime de la commission paritaire, hallucinant – surtout vu de l’étranger ou une telle chose n’existe pas bien sûr, même pas en rêve. Le prospère Cañamo serait lourdement déficitaire en France… On comprend que Gaspar ait eu du mal à y croire…)

 

Cet « élément de doctrine » de la dite CPPAP avait été forgé quelques années plus tôt, en même temps qu’on l’appliquait à l’Eléphant rose, provoquant sa disparition. Cette censure sera parachevée avec la condamnation de son directeur, Gérard Jubert, par la 17ème chambre. L’avocat général, Bernard Pagès, était alors intervenu, prenant soin de souligner que s’il avait choisi de poursuivre un magazine, c’était parce que son mode de diffusion, massif, populaire, était ce qui constituait, selon lui, l’infraction condamnable. Et ceci, à la différence des livres, plus chers, vendus en librairie. Sympa… Mais n’hésitant pas à se faire menaçant, le procureur faisait observer qu’il n’avait poursuivi là que les trois premiers numéros, alors qu’on en était au cinquième, prévenant qu’en cas de parution d’un sixième, il poursuivrait à nouveau…

 

Même si les premiers numéros de l’Eléphant rose avaient bien marché, les 300 000 francs d’amende que le tribunal osera infliger personnellement au responsable de la publication étaient loin d’une blague. Peut-on dire que Jubert en sera traumatisé plus encore que de la perte de son journal ? Il mourra des années plus tard, mais bien jeune, à 41 ans, sans que la grosse amende, qu’il avait tant redoutée, lui ait jamais été effectivement réclamée…

 

La découvrant sur le net, on ne résiste pas à reproduire ici, en hommage posthume, cette citation de Gérard Jubert :

 

« Y a quand même un truc étonnant : il n’y a aucun argument fort pour maintenir cette clandestinité. Donc, il y a forcément une autre raison, un trafic d’Etat… Ça peut pas être autre chose… Il y a forcément des mecs qui s’en mettent plein les poches. La clandestinité, c’est quoi ? C’est la corruption ! Y a des mecs qui empochent des contrats de ventes d’armes en laissant passer des tonnes de stups, pour ensuite saisir les mecs, les taxer, bref c’est un imbroglio, des magouilles, etc. »

 

*

 

2002, c’était il y a dix ans… ou il y a un siècle… Souvenirs, souvenirs…

 

Je me souviens aussi de ce samedi après-midi suivant l’élection de Chirac, où j’étais dans la librairie Lady Long Solo, rue Keller quand passe un camion de police. Il s’arrête un long moment devant la vitrine, puis se gare. Les flics descendent et envahissent aussitôt la boutique. Ils barrent la rue, et embarquent des sacs de livres sur les drogues. Lorsqu’arrive enfin l’officier de police judiciaire responsable de l’opération, je tente de lui demander des explications : « On agit en flagrant délit », dit-il. Je me moque gentiment de lui : depuis des années avec pignon sur rue à la même adresse, la vitrine de cette librairie ne constituait certes pas ce qu’on appelle un cas de « flagrant délit ». « Vous n’avez pas compris que ça a changé ? » me rétorque-t-il pour couper court à toute objection…

 

Non, je n’avais pas compris que cette élection étrange, où la France avait pu sembler partagée entre droite et extrême-droite, signifiait l’enterrement de l’état de Droit… Je serai d’ailleurs rassuré, à tort, ce jour-là, en dépit du cirque agressif mis en scène, lorsqu’on arrivera au commissariat, après 20 heures. L’OPJ dit à ses gars : « Merde, on va devoir appeler un procureur de garde. »  En effet, une demi-heure plus tard, alors que je me demandais encore à quelle sauce on allait me manger, voilà que l’OPJ revient de ses consultations téléphoniques : il avait interrogé successivement deux procureurs, et ceux-ci lui avaient fait remarquer que si les livres n’étaient pas interdits, il n’avait qu’à me les restituer… « C’est la liberté d’expression » expliqua-t-il alors à ses hommes, comme pour se justifier de les avoir entraînés vers cette déconvenue que de devoir me relâcher, rapportant tout ce qu’ils avaient saisi,  avec des excuses…

 

Ce jour-là, tout s’était bien passé en somme. Plus de peur que de mal. « Ça » n’avait pas tant « changé » que ne l’espérait l’OPJ. Pas encore. C’est par la suite qu’on aura l’occasion d’expérimenter combien « ça avait changé ». Et la promesse qui m’avait été faite le premier jour finira par se réaliser. On sera « assassiné » – métaphoriquement s’entend.

 

*

 

Le Dr Lester Grinspoon intervenait à un colloque, l’année dernière, en 2011, rappelant ses premières interventions dans le débat en… 1967. Quarante quatre ans plus tard, il peut constater : « Marijuana is here to stay ! » « Le cannabis est là pour rester. » Quelles qu’aient été les politiques mises en place au long de ce quasi demi-siècle d’affrontement entre la prohibition et la contre-culture, celle-ci s’est étendue à la société entière. « Comme l’alcool, le cannabis fait maintenant partie de notre culture. »

 

*

 

Samedi 12 mai 2012, la Marche mondiale du cannabis rassemblait plus de monde que jamais, pour sa onzième année, des marches de l’opéra de la Bastille à celles de la bibliothèque nationale, sur les bords de Seine. On était là au lendemain de l’élection présidentielle et à la veille de l’intronisation du nouveau gouvernement – de gauche.

 

Que veut-on, qu’attend-on, que doit-on demander à la gauche au pouvoir ?

 

De quoi s’agit-il ? De prendre en compte l’évidence constatée par le Dr Grinspoon. Les années de répression n’y auront rien changé : le cannabis est là pour rester. Et il va falloir apprendre à vivre avec, et repenser nos lois à cette fin. Mais sans attendre, des mesures sont possibles, qui ne coûteraient pas tant d’efforts et changeraient beaucoup de choses.

 

Pourrait être à l’ordre du jour, bien sûr, de voter une nouvelle loi, mais considérons que, pour ça, il ne serait pas mauvais de réfléchir, si on ne veut pas instituer une horrible usine à gaz, comme on sait si bien en faire, qui poserait plus de problèmes qu’elle n’en résoudrait. Je veux parler là, par exemple, du monopole d’Etat dont certains font la promotion, ou du « contrôle de qualité » qui semble si sympathique aux consommateurs. Si on n’y prend pas garde, une « légalisation » pourrait aboutir à un système plus contraignant encore que l’existant, avec une kyrielle d’effets pervers qu’il n’est pas difficile d’imaginer. On ne sort pas d’un siècle de prohibition comme on descend d’un autobus.

 

En attendant, de simples circulaires devraient, par exemple, mettre un terme au scandale de la persécution des malades, qui recourent au cannabis pour des pathologies souvent très lourdes. On pourrait aussi revoir le régime des « autorisations temporaires  d’utilisation » afin qu’il remplisse effectivement sa fonction – et, par exemple, qu’une simple ordonnance médicale suffise (ce pour quoi, il faudrait retirer le cannabis de la liste des substances sans intérêt thérapeutique, où il se trouve absurdement). Le parcours bureaucratique imposé au médecin, et à son patient, est une atteinte au principe même de la médecine. Il est ubuesque qu’un thérapeute puisse se trouver dans l’impossibilité de porter secours à son patient, qu’il ne puisse lui suggérer un remède que clandestinement – et que le malade soit mis en danger pénal s’il tente de se soulager suivant ces indications... Mieux encore, un programme d’informations des médecins et des malades permettrait à de nombreuses personnes de découvrir les bénéfices qu’elles peuvent retirer d’un usage approprié de cette plante aux nombreuses vertus.

 

Serait nécessaire, en fait, une véritable politique du cannabis thérapeutique, garantissant l’accès au produit à ceux qui ne peuvent le produire eux-mêmes – et facilitant l’autoproduction pour ceux qui choisiraient cette option. Les avantages que l’on peut escompter pour la santé publique comme pour les comptes de la sécurité sociale sont incalculables. Le Dr Grinspoon prophétise sans risque qu’on pourrait bien voir le cannabis comme une « wonder drug », un médicament prodige, comparable à ce que fut la pénicilline dans les années 1940, dit-il. Il constate simplement combien le nombre de ses applications ne cesse d’augmenter…

 

La tolérance de l’autoproduction serait, d’une manière générale, au-delà des malades, une mesure évidemment raisonnable. Tout le monde aura compris que plus les consommateurs feront pousser leur herbe, moindre sera la part du commerce de rue – auquel on reproche à raison les désordres qu’il peut susciter. Ces cultures domestiques sont en fait les meilleurs agents de l’ordre public ; les persécuter ne profite qu’aux trafiquants. Sans même en passer par une nouvelle loi, des circulaires indiquant à la police et à la gendarmerie, comme à la justice, de se dispenser dès à présent de poursuivre ces infractions bénignes que peuvent être des micro-plantations à usage manifestement personnel – voilà qui serait certainement bienvenu. Libérez les balcons !

 

De même bien sûr, une simple tolérance de l’usage s’imposerait.

 

Et puis, s’il fallait ajouter une requête à titre personnel, on ne serait pas contre une instruction du ministère de l’Intérieur demandant à la Brigade des stupéfiants de retourner dans les librairies qu’elle a illégalement terrorisées sous Sarkozy en vertu d’une interprétation de la loi manifestement abusive. Que les flics s’excusent pour avoir induit les libraires en erreur – et porté atteinte à la liberté d’expression.

 

Pour fêter ça – le retour de l’état de Droit, de la démocratie et du savoir vivre, les libraires commanderaient de nos livres en pagaille, et cela nous mettrait juste un peu de baume au cœur, nous offrant les moyens de… continuer le combat !

 

 

 

Pour le Canada : Merci ā Justin Trudeau, du parti libéral du Canada, pour se lever et dire, haut et fort, qu’il faut légaliser la marijuana (c.2018). Ceci occasionnera moins de déficit budgétaire (il serait probablement aboli) en remplissant les coffres du gouvernement canadien et en améliorant, de ce fait,  la qualité du produit de consommation, qui actuellement (80%) est géré par le crime organisé.

                                                                                                                             -Gilles Morand.

 

L’année 2012, que les mayas associent à la fin d’un grand cycle évolutif pour l’humanité, a fait l’objet de nombreuses prédictions sous la forme de livres, de conférences, de films et même de messages commerciaux télévisés. Or, que dissent les Mayas eux-mêmes au sujets de leur prophétie? http://www.massemoi.jimdo.com

Neuro-technologie de soi:

http://www.tinyurl.com/neurotechnologiedesoi

Merkaba Meditation: http://www.tinyurl.com/merkabamarie

Massage Supplies: http://www.tinyurl.com/suppliesmassage

 

Gilles Morand nous explique, au mieux, comment nous préparer à entrer dans le nouveau cycle de 200,000 ans en vivant une connexion aux énergies du coeur qui nous ouvrira la porte à une réalité plus vaste .Cette connexion au coeur est essentielle pour survivre à ces temps de transition tumultueux.

Ce que nous livre Gilles Morand par ses nombreux livres et vidéos est sujet à vous faire méditer sur les points suivants:

L’aspect positif méconnu de la prophétie maya.

La compréhension de la fin des temps maya: une période de transition qui a débuté en 2007.

Le renversement probable des pôles magnétiques.

La fonte des glaciers ( mes produits VERTS : http://www.gmmassageplus.wixsite.com/vert )

Les nouveaux modes de perception et de communication de l’être humain par les massages, le tantra et sa sexualité sacrée.

Et enfin, la nouvelle version de feu Timothy Leary, avec ou sans drogues, sur l’expansion de la conscience axée sur le coeur, afin d`en retirer une certaine sagesse. http://www.edilivre.com   http://www.dyingtoknowmovie.com/trailer   

 

 Sites partenaires :

Plus de 150 DVD’s seulement $3  (english)  : https://www.truthseekingdvds.com/sacred-geometry-drunvalo-ancient-flower-of-life-merkaba-fol-amazing-dvd-?tracking=56469bd405914   

H.O.M.E. Le film : https://youtu.be/NNGDj9IeAuI  

Nouvelle conscience viendra du soleil : www.solar-revolution-movie.com/fr   

L`infini pouvoir du coeur: www.thepoweroftheheart.com/fr/movie   

Et du cœur global www.heartmath.org/gci     

site ascension: https://ascension101.com/?partner_id=3650   

 

epub Floride USA: 1- http://destinationsoleil.info/meli-melo/gilles-morand-2 /    

 

                                  2- http://destinationsoleil.info/yvonne-courage/gilles-morand/     

 

             3- http://destinationsoleil.info/reflexions-sur-la-vie/message-de-gilles-morand-auteur/   

Montage 7 aout 2018 Floride publication : http://www.tinyurl.com/gillesfloride

Learn Quantum Touch-The Power to Heal: http://www.tinyurl.com/learnqt-97  

30 livres en France: http://www.amazon.fr   

 

http://www.energieducoeur.com                 http://www.massageplus.over-blog.com                  Aller sur Mars : http://www.packingformarsmovie.com   

Psychologie interpersonnelle Leary : http:// www.mindmirror.com

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